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Vivre avec ses morts...
J'ai lu cette interview de France Inter, elle m'a beaucoup touchée...
Tant que nous penserons à eux,
ils seront toujours dans notre coeur!
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Consolation, acceptation... Comment réagir face au deuil ? L'invité, Jérôme Garcin, nous parle de ses morts et de la façon dont il vit avec eux.
Peut-on vraiment se remettre de la mort d’un proche ? De cette mère, de ce père, de ce fils, de cette petite-fille, de cette sœur, de cet ami.e tant aimé.e et désormais disparu.e de ce monde terrestre ?
Le nouveau livre de Jérôme Garcin, Mes Fragiles, a inspiré à Ali Rebeihi cette question, lui qui a vécu en un demi-siècle la mort de son jumeau, Olivier, à l’âge de cinq et demi, fauché par un chauffard, de son père, d’une chute de cheval le 21 avril 1973, puis de sa mère Françoise et de son frère Laurent, à six mois d’intervalle, au temps du Covid-19… Les piliers de sa vie auxquels il a consacré des pages enguisede vibrants monuments aux morts. Jérôme Garcin est notre invité. Il est producteur du Masque et la Plume le dimanche, à 20 heures, sur France Inter, et a donc publié chez Gallimard un court récit beau et dense, Nos Fragiles.
Les morts sont toujours présents
Selon Christophe André, psychiatre et chroniqueur de l'émission, quand les gens sont vivants, ils sont quelque part et quand ils sont morts, ils sont partout. Et ils ne vont plus nous quitter en réalité, sauf si on fait un effort actif pour repousser leur mémoire, pour se désengager de leur mémoire. Pour lui, il faut consentir à la souffrance de cette disparition, et justement ne pas rester inactif.
Jérôme Garcin dit entretenir un lien très fort avec ses morts : "Il faut savoir qu'il y a un mot magnifique du philosophe Alain dans un très beau texte souvent cité sur la mort qui dit que les morts veulent vivre. "Ils veulent vivre". C'est à nous aussi de faire en sorte qu'ils vivent, sans oublier de vivre avec les vivants. Parce que le pire, c'est de préférer les morts aux vivants. Il faut simplement les écouter. Et je peux vous dire que quand on dialogue comme moi avec eux jour après jour, tout en continuant à converser avec les merveilleux vivants dont on partage la vie, je dirais que c'est un privilège."
Jerôme Garcin vit avec les tableaux de sa mère et de son frère Laurent chez lui. "Je ne peux pas vivre dans ces lumières-là sans penser à Laurent, sans penser à ma mère constamment. Mais je dirais que cette vraie conversation est intime et elle est perpétuelle."
Il dit aussi toujours vivre avec son frère jumeau, décédé à cinq ans et demi, qui lui donne de la force : "Depuis la perte de mon jumeau, de mon double d'abord, je n'ai pas cessé d'être un jumeau. On reste un jumeau toute sa vie, même quand on a perdu l'autre part de soi, la part manquante. Ce frère, Olivier, on travaille pour deux, je travaille pour deux, depuis mes six ans. Même à l'école. Je me souviens que je voulais qu'on soit deux et pas seul. Je faisais mes devoirs pour Olivier et pas que pour moi. Et ensuite, quand on m'a dit : 'Tu travailles trop, tu fais de la radio, tu travailles pour les journaux, tu écris en plus. Oui, mais non, à deux, on y arrive. Je vous jure qu'on y arrive et c'est un sentiment, ce n'est pas une figure de style, c'est un sentiment très profond, très sincère, très physique, et d'une certaine manière, très bienfaisant."
Parler, écrire, dire : faire vivre
Dans son livre, Mes Fragiles, Jérôme Garcin raconte ses disparus, avec qui il vit encore quotidiennement : "Mes fragiles, c'est-à-dire ma mère et mon frère cadet – allusion à une maladie qui est le X Fragile, et dont la famille a été frappée –, je suis convaincu qu'ils sont devenus plus forts. Et que moi d'une certaine manière, passé l'immense chagrin vraiment brutal, parce que quand on perd sa mère et son frère si rapidement, le chagrin est très fort. Depuis qu'ils ont disparu, depuis que j'ai écrit sur eux, depuis que les tableaux de Laurent sont visibles, par les uns par les autres sur la bien-nommée Toile, j'ai le sentiment qu'ils n'ont jamais été aussi présents, que je n'ai jamais autant vécu avec eux et qu'ils me donnent comme auparavant mon père, Philippe, et comme mon jumeau, Olivier, une force incroyable."
Pour Jérôme Garcin, la vraie perte, c'est l'oubli, de même que le silence. Les morts peuvent aussi continuer à vivre dans les livres. Christilla Pellé-Douël, qui a lu le livre de Jérôme Garcin, considère que Mes Fragiles est une porte vers la vie de son frère car sans Jérôme Garcin, elle ne l'aurait pas connue, et ça aurait été bien dommage. L'écrivain n'a pas voulu faire un livre de morts, mais un livre de vivants.
Jérôme Garcin conseille de parler, d'écrire, et de ne pas garder pour soi ses souvenirs, et ses peines : "Je pense qu'on se fait un mal terrible en claquemurant ses secrets, ses histoires, et ses drames. Et moi, j'en ai connus très tôt, et j'ai eu un sentiment de libération quand j'ai commencé à écrire."
Avec :
Jérôme Garcin, journaliste et écrivain. Il dirige le service culturel de L’Obs, produit et anime l'émission Le Masque et la Plume sur France Inter.
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Je ne sais pas si je lirai ce livre mais
j'apprécie la façon dont il est présenté.
Bon mardi!
Tags : Consolation, Jérôme Garcin, morts
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Commentaires
Bonjour
Je ne suis pas folle ...mais tout les soir je dis bonne nuit
a mon fils,a maman,et a mon mari !
c'est une habitude que j'ai pris depuis leur DC
j'en ai jamais parler a personne ça me fait drôle de le dire ici
bonne nuit bisous
Bonsoir Mireille. Je parle et j'écris à ma mère disparue en 2004 mais je ne sais pas si je lirai ce livre. Bonne soirée et bisous
Les disparus sont toujours avec moi, ma grand-mère paternelle chez qui j'allais très souvent même une fois mariée, mes parents et parler d'eux est une façon de les avoir près de moi.
Bises
Annie
Bonjour Mireille, eh bien c'est très intéressant car je me sens moins " folle " de parler à ma fille disparue, d'écrire dans sa messagerie, même si je pleure je suis en communion avec elle, de même que nous parlons mon époux et moi de nos chers disparus décrivant des anecdotes, ayant perdu nos parents, mes cinq frères âgés de 38ans-39ans-55ans-60ans-62ans- je suis la rescapée telle une bibliothèque pouvant dire à leurs enfants ce qu'étaient leurs papas, ce n'est facile mais il faut perpétuer leur " existence " dans le cœur jusqu'à notre fin de vie.
Bises bon après midi.
24PaqueretteMardi 21 Mars 2023 à 12:36Ton article me parle tellement, avec mes enfants pas de jour où nous ne parlons pas de Bernard. Je vais télécharger le podcast de l'émission pour l'écouter dans l'avion ce soir.Merci MireilleBonjour Mireille
Sujet sensible, Se faire aider et un plus,
Pour ceux que le sujet est tabou ....
On ne les oublie pas en parlant d'eux
ils sont tous les jours dans mes pensées
simplement de l autre coté du miroir
Depuis j ai fait la paix avec l acceptation
Bonne journée Bon mardi Amitiés Bérénice
Mes "fragiles" sont toujours avec moi, le chagrin n'est plus là...Je vis avec eux sereinement. Pour moi ils ne sont pas dans la tombe, ils ont seulement passé de l'autre côté du miroir!!! et je sais que je les retrouverai tous, nous aussi nous sommes "fragiles" et la vie est si courte ça ne m'empèche pas d'être heureuse avec les vivants!!!
Bon printemps à tous et toutes, ici nous avons un ciel couvert, le soleil ne nous a pas encore visité
Bisous. Marie.
Merci beaucoup pour ce superbe article . Je ne savais pas que Jérôme Garcin avait cumulé tant de drames dans sa vie. L'écriture est une tres belle façon de garder nos défunts auprès de nous , en parler c'est la meilleure façon de les garder vivants, je suis tout à fait d'accord.
Bonne journée
Bises
Je me le note, on apprécie Jérôme, que l'on connaît par son émission du masque. Récemment, je l'ai entendu parler du syndrome du chromosome " X fragile " ... Héréditaire. Bientôt disponible en blicothèque, Mme y va cet aprem.
À plus. Amic@lement. Yann
on ne peut que penser comme cet ecrivain, perdre son père, sa mère depuis 40ans, son epouse depuis 30ans, sa compagne depuis 10ans, pour ses enfants, pour soi meme, on s'accroche, la vie continue, mais on n'oublie jamais ! grosses bises chere Mireille
Ce monsieur a été bien éprouvé dans sa vie. Cela fait 20 ans cette année que ma maman est morte, et mon papa 15, et ils me manquent toujours autant. Je leur parle, je leur demande de l'aide, ils ont leurs photos dans un cadre dans ma maison et j'en parle librement avec mon entourage
Bisous et bonne journéeBonjour d’Angers,
Oui ! … Les morts sont toujours présents ...
On oublie … jamais ! ...
Bonne journée … Amicalement … Claude
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Mon blog : htpp://www.les-mauges.fr15geneviève vestiaireMardi 21 Mars 2023 à 09:28Oui, nos morts sont toujours présents et les évoquer , c'est leur dire merci d'avoir été là ..... et d'être toujours une référence, un exemple ....
Merci Mireille pour cet article qui, tu t'en doutes bien, raisonne très fort en moi ....
Bonne mâtinée, bisous, à cet aprem !
Geneviève
Depuis mon jeune âge j'ai pratiqué le respect et le culte du souvenir pour les disparus de ma famille.
Ils sont toujours avec nous et on en parle très librement en famille en présence des enfants qui garderont demain leurs souvenirs.
Un livre à lire....
Bon mardi
Personnellement je vis avec ...quand il faut en parler pas de tabou au contraire ..
Je pense que c'est une des façons pour bien faire son deuil..
Bises Mireille
j'avoue que j'arrive à le vivre pas trop mal.. sauf la mort de mon compagnon JO et mon papa qui fut subites ... les 2 à 2 mois d'intervalles .. sinon j'arrive à me faire à l'idée au départ je suis triste et j'ai une boule dans la gorge, puis ça s'apaise , pour mes animaux ça m'a fait pareil car je les aime comme les humains ils font partie de ma vie .. mais on s'habitue à l'absence, je ne reste pas chez moi cloitrée à y penser tout le temps j'ai besoin d'en parler , mais le manque est toujours là donc je passe des photos sur les blogs j'en parle beaucoup et ça m'aide à accepter mais les débuts sont durs..
un bon mardi ma petite mireille on fait raclette party avec l'amie de maman et peut être MF qui passera pour le dessert .
je t'embrasse flo
Un livre que j'aimerais bien lire ma chère Mireille !!
Je pense très souvent à nos disparus , autant les miens que ceux de mon mari . Je parle souvent à mon Père et quand j'ai des questions je dirais qu'il me "souffle" des solutions. On dit que les morts ne sont pas loin ; juste de l'autre côté du miroir!
Bisous et bon mardi.
Bonjour Mireille
Oui c'est la réalité ,mon fils est partout avec moi ,je lui parle ,lui demande conseil ,et j'ai l,impression qu'il me répond ,et les années passant le chagrin s' adouci mais on n'oublie pas . Très belle article merci
Bonne journée Mireille
Plein de bisous Hélène
Tu as raison Mireille, c'est une très belle présentation. Je reste convaincu que seul l'oubli fait disparaître totalement un défunt. En parler, vivre dans son sillage, permet de le maintenir en vie.
Bises et bon mardi - Zaza
On ne les oublie pas en parlant d'eux ils sont tous les jours dans mes pensées !!! Bonne journée Mireille gros bisous5LindaMardi 21 Mars 2023 à 03:38Merci pour ces informations sur M.Garcin. Un livre qui semble intéressant.
En 1978, je perdais ma mère, elle est décédée d'un cancer du poumon. Quelques jours avant sa mort elle m'écrivait ce message, que je relis à l'occasion. J'ai l'impression de la faire revivre en partageant avec vous ce court texte.
Elle disait...Si je n'étais pas malade, et si j'avais ton âge, je te montrerais de quelle manière nous pouvons changer une montagne de place,
La paix de l'esprit nous la trouvons quand on peut procurer un peu de bonheur aux autres. Si tu savais Linda que c'est avec calme que l'on peut résoudre bien des problèmes.
4MitouMardi 21 Mars 2023 à 03:06Chaque personne réagira différemment face à la mort d'un proche se faire aider par un spécialiste peu aider. Gros bisous bisous et bonne journée Mitou
Bonjour d’Angers,
Oui ! … De bon conseil … ce journaliste ! ...
Bonne journée … Amicalement … Claude
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Mon blog : htpp://www.les-mauges.frIl a effectivement eu beaucoup de "pertes" dans sa vie.... et il continue à faire vivre ces membres de sa famille...
On n'oublie pas les disparus.... (même pas mal d'années après sa disparition, je n'ai toujours pas enlevé le numéro de ma mère sur mon téléphone fixe et sur mon portable)....
Très bonne journée et gros bisous.
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Merci beaucoup Mireille pour ce bon , beau et superbe partage !!! Nos disparus sont vraiment avec nous ; j'en suis sûre car j'en bénéficie aussi ...
Bonne journée,
Bises ♥